la renault 25

Renault 25 : histoire et caractéristiques d’une voiture emblématique

Pratique

Au cœur des années 1980, avec la montée en puissance des marques allemandes telles que BMW, Mercedes-Benz ou Audi, Renault s’est lancé un défi ambitieux : imposer une berline haut de gamme française capable de rivaliser avec ces géants. La Renault 25, lancée en 1984, est ainsi devenue l’un des symboles majeurs de cette volonté. Avec un design audacieux, une technologie innovante pour son époque, et un confort soigné, cette voiture a su marquer durablement le segment des routières. Son succès commercial, avec près de 781 000 unités vendues, témoigne de son importance dans l’histoire automobile française et européenne. Pourtant, son parcours fut aussi jalonné d’embûches liées à des problèmes de qualité initiale qui ont freiné son ascension hors de France.

Une genèse ambitieuse : le contexte et la naissance de la Renault 25

Durant le début des années 1980, le constructeur français Renault faisait face à une exigence croissante : reconquérir le segment des berlines haut de gamme, segment jusqu’alors dominé largement par les constructeurs allemands tels que BMW, Mercedes-Benz, Audi, ou encore Volkswagen. Les modèles R20 et R30, certes innovants à leur époque, n’avaient pas réussi à s’imposer durablement face à la qualité perçue des berlines allemandes. C’est donc dans cette optique que la Renault 25 fut conçue, sous la direction technique de Gaston Juchet, avec la collaboration du designer Robert Opron et du célèbre styliste italien Marcello Gandini, auteur notamment des lignes emblématiques des Lamborghini.

La volonté était claire : créer une berline à haut niveau de confort, dotée d’une esthétique moderne capable de séduire une clientèle exigeante, tout en embarquant des technologies avancées pour l’époque. Le choix d’une silhouette fastback avec hayon arrière était audacieux, destiné à conjuguer l’élégance d’une berline classique et la praticité d’un coffre accessible, malgré une certaine réticence du marché à l’égard du hayon sur le segment luxueux.

Le moteur placé longitudinalement en porte-à-faux avant qu’il soit quatre cylindres ou V6 PRV participait à donner à la voiture un positionnement technique solide. L’objectif de Renault était également d’optimiser la résistance aérodynamique. Avec un coefficient de pénétration dans l’air exceptionnellement bas pour une voiture de cette taille (0,28 pour la version TS), la Renault 25 visait à allier performance et faible consommation, un point particulièrement observé par les consommateurs européens encore marqués par les crises pétrolières des années 1970.

Les phases de production se sont étalées de 1984 à 1992, avec plusieurs évolutions qui ont permis à la Renault 25 d’ajuster son image et ses performances au fil du temps. Plus de 780 000 exemplaires ont été fabriqués à l’usine de Sandouville, un chiffre impressionnant pour une routière française haut de gamme. Cette production importante souligne l’enjeu pour Renault de maintenir une présence forte sur ce segment stratégiquement important.

Design et innovations techniques qui ont fait la renommée de la Renault 25

La Renault25 se distingue avant tout par sa ligne exceptionnelle. Le travail de Robert Opron a abouti à un profil fastback inédit sur le marché français, conférant à la voiture une allure dynamique et élégante qui tranche avec les silhouettes plus traditionnelles des Peugeot et Citroën de l’époque. Le hayon, avec une immense lunette arrière courbée surnommée « bulle », participe non seulement à une esthétique originale mais aussi à une meilleure visibilité et modularité du volume de chargement.

L’habitacle reflète le souci d’innovation. La planche de bord, inspirée de l’univers des supercars, sous la patte de Marcello Gandini, offre un poste de conduite ergonomique avec des commandes regroupées autour du conducteur, dont la fameuse commande impulsionnelle de la vitre conducteur. Cette dernière, révolutionnaire à l’époque pour une voiture française, a rapidement été copiée dans les gammes concurrentes, au même titre que la commande d’autoradio au volant via un satellite tournant, un système novateur semblable à ceux que l’on retrouvera plus tard chez BMW ou Mercedes-Benz.

Le confort était un point fort de la Renault 25 : grandes dimensions intérieures et habitabilité généreuse, isolation phonique soignée, sièges ergonomiques avec appuie-têtes réglables, et un équipement riche. Toutes les versions pouvaient bénéficier de la direction assistée, de l’ABS sur certaines variantes, et d’une suspension avant MacPherson particulièrement bien étudiée, offrant une tenue de route optimale pour une traction avant. Ce dernier point plaçait la R25 en bonne position face aux rivales allemandes, qui à l’époque préféraient encore largement les motorisations installées en position longitudinale mais souvent avec des architectures de transmission différentes.

Sur le plan mécanique, la Renault 25 offre une gamme de motorisations à essence et diesel qui couvre une large palette allant de 64 chevaux en diesel atmosphérique à 205 chevaux pour la version V6 Turbo Injection. La collaboration entre Peugeot, Renault et Volvo (moteur PRV V6) a permis de mettre à disposition un bloc performant et fiable qui équipait déjà la Renault 30. Cette polyvalence mécanique a permis d’adapter la voiture aux marchés européens divers, répondant tant aux attentes d’un usage familial que celles d’une conduite sportive ou encore de professionnels recherchant confort et puissance.

Parcours commercial et réception critique : un succès terni par des problèmes de fiabilité

Le lancement officiel de la Renault 25 en 1984 a été un événement majeur. La voiture était saluée pour son style, son confort et son tarif compétitif par rapport à la concurrence allemande. Cependant, les premiers clients ont dû composer avec des difficultés qui allaient entacher la réputation du modèle sur plusieurs marchés clés, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni, où les attentes en matière de fiabilité sont très élevées.

Les problèmes récurrents concernaient principalement l’électronique embarquée, un domaine dans lequel Renault innovait beaucoup mais sans maîtriser totalement la fiabilité à court terme. De plus, certains problèmes d’assemblage, notamment des joints et de la peinture, ont fait basculer la confiance des clients étrangers vers les marques allemandes réputées pour leur rigueur. Malgré cela, la Renault 25 a conservé une popularité forte en France, où les automobilistes étaient prêts à faire preuve de patience.

L’arrivée de nouveaux dirigeants, notamment Georges Besse et Raymond Lévy, fut un tournant majeur dans l’amélioration de la qualité de fabrication et du service après-vente. Sous leur impulsion, les équipes de Renault ont renforcé les contrôles qualité et corrigé les défauts, ce qui a permis à la Renault 25 de reconquérir progressivement la confiance des consommateurs français. Cette amélioration qualitative a aussi permis d’entretenir le succès des versions phares telles que la GTS, TX ou le prestigieux V6 Turbo Baccara.

Un autre épisode intéressant concerne la version limousine allongée de la R25, conçue par Heuliez pour des usages officiels, notamment pour la Présidence de la République. Ce véhicule, bien que luxueux, n’a pas connu de succès commercial et a été produit en seulement 832 exemplaires, très loin des attentes initiales. Néanmoins, il souligne la polyvalence et la reconnaissance de la plateforme de la Renault 25 dans les cercles les plus prestigieux.

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